Mal-logement en Île-de-France : une crise aggravée touchant plus d’un million de personnes
L’Île-de-France fait face à une crise du logement d’une ampleur alarmante, avec 1,3 million de ses habitants en situation de mal-logement, soit environ un habitant sur dix. Cette réalité concerne un large éventail de difficultés telles que la sur-occupation, la précarité énergétique ou encore des conditions d’habitat inadaptées. Un tiers des 12,3 millions de Franciliens vivent dans un logement qui compromet leur qualité de vie, révélant une problématique régionale aux multiples facettes.
Les multiples visages du mal-logement en région parisienne
Le mal-logement se manifeste par des situations variées et souvent combinées. Parmi les 1,3 million de personnes concernées, 634 000 sont confrontées à un logement trop petit, avec un déficit d’au moins deux pièces selon les normes d’occupation. Par ailleurs, près de 1,2 million supportent un surpeuplement modéré, représentant environ 30 % des locataires franciliens. Ces chiffres montrent à quel point le problème s’étend bien au-delà de la simple absence de domicile.
| Type de mal-logement | Nombre de personnes concernées | Pourcentage parmi la population francilienne |
|---|---|---|
| Logement trop petit (2 pièces en moins) | 634 000 | 5,15 % |
| Surpeuplement modéré | 1 200 000 | 9,75 % |
| Sans domicile personnel | 125 600 | 1,02 % |
Les jeunes sont particulièrement fragilisés. L’accès à un logement autonome est différé de deux années par rapport au reste de la France, accentuant le phénomène de dépendance familiale et la précarité. Cette aggravation se traduit par une augmentation des ménages en surpeuplement marqué et du nombre de personnes sans domicile fixe. Ces données ont été mises en lumière dans une étude menée par l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme), en collaboration avec des acteurs tels que la Fondation Abbé Pierre et Habitat et Humanisme.
La difficulté croissante d’accéder au logement social en Île-de-France
Face à la flambée des prix dans le parc privé, de nombreux ménages se tournent vers le logement social. Cependant, la demande atteint des niveaux insoutenables. Fin 2024, 888 000 ménages attendaient une attribution en région parisienne, soit près d’un tiers de la demande nationale, alors que seules 65 000 propositions ont été faites.
Une offre insuffisante pour répondre à une demande explosive
Le déséquilibre entre l’offre et la demande signifie qu’environ 93 % des demandeurs restent sans réponse et doivent renouveler leur dossier chaque année. Le phénomène est renforcé par la stagnation des attributions malgré la hausse constante des besoins. Parmi les demandeurs, un sur cinq attend depuis plus de cinq ans, ce délai interminable creusant la précarité.
| Indicateur | Valeur (Île-de-France, 2024) |
|---|---|
| Ménages en attente de logement social | 888 000 |
| Attributions de logements sociaux | 65 000 |
| Demandeurs non satisfaits | 93 % |
| Demandeurs en attente > 5 ans | 20 % |
Cette situation contribue également à la hausse du recours à l’hébergement chez des proches, avec 207 000 personnes hébergées en 2024, soit une augmentation de 30 % par rapport à 2019. Si la solidarité de certains est louable, elle ne doit pas pallier le manque de solutions durables. Cette réalité est régulièrement pointée par des associations telles que le Secours Catholique, Droit au Logement (DAL) ou La Fondation Armée du Salut.
Une montée inquiétante des expulsions et une hausse des coûts du logement
La précarité s’accroît davantage avec la progression des expulsions et des impayés. En 2024, 8 106 foyers ont été expulsés en Île-de-France, un record historique. Parallèlement, 350 000 personnes rencontrent des difficultés pour payer leurs loyers ou charges, situation aggravée par la flambée des prix immobiliers qui dépasse largement la hausse des revenus.
Les chiffres de l’impayé et de l’habitat précaire exposent un système sous tension
Le rapport souligne aussi que 125 600 Franciliens sont privés de domicile personnel, avec plus de 4 000 personnes dormant à la rue chaque nuit. Malgré les appels d’urgence au 115, près de 2 000 demandes d’hébergement restent sans réponse. Cette situation limite grandement l’efficacité du dispositif d’accueil tout en soulignant ses limites persistantes, comme le note le Samu Social de Paris et Soliguide.
| Indicateur | Nombre (Île-de-France, 2024) |
|---|---|
| Foyers expulsés | 8 106 |
| Personnes en impayé de loyers/charges | 350 000 |
| Sans domicile personnel | 125 600 |
| Sans solution d’hébergement malgré appel au 115 | ~2 000 |
L’envolée des prix aggrave encore la situation. Depuis 2002, les loyers ont progressé 1,6 fois plus vite que les revenus, tandis que les prix d’achat ont augmenté 4,5 fois plus vite. Ainsi, à Paris, moins de 6 % des couples sans enfant peuvent désormais accéder à la propriété. Ces données démontrent à quel point le marché immobilier local est devenu inaccessible pour la majorité.
Appel à un engagement renforcé pour un parc de logements sociaux adapté
Face à cette crise multidimensionnelle, la Fondation Abbé Pierre, Emmaüs, Habitat et Humanisme, Toit à Moi et d’autres acteurs soulignent la nécessité d’augmenter significativement le parc de logements sociaux. Malgré un triplement des places d’hébergement depuis 2012, ces structures peinent à répondre à la demande persistante. Une volonté politique forte est indispensable pour redresser la situation et garantir un parc privé accessible, tout en développant des solutions pérennes.
La collaboration entre associations et institutions, telle qu’entre le Secours Catholique et l’ATelier Parisien d’Urbanisme (APUR), ainsi que le soutien actif de Droit au Logement (DAL), témoigne d’une mobilisation collective. Ces acteurs œuvrent quotidiennement pour trouver des alternatives et accompagner les plus vulnérables. Néanmoins, sans une action décisive des pouvoirs publics, la situation risque de se dégrader encore davantage dans les années à venir.



