Une demande controversée : l’Assurance maladie réclame un million d’euros à un kinésithérapeute traitant 115 patients par jour

découvrez pourquoi l’assurance maladie demande un million d’euros à un kinésithérapeute accusé de traiter jusqu’à 115 patients chaque jour. une affaire qui questionne les pratiques professionnelles et les contrôles du système de santé français.

Kinésithérapeute à 115 patients par jour : une charge sans précédent questionnée par l’Assurance Maladie

Installé depuis plus de 30 ans à Mantes-la-Jolie, Frédéric Juge, kinésithérapeute de 62 ans, suscite une polémique autour de sa méthode de travail. Ce praticien reçoit en moyenne 115 patients par jour, ce qui dépasse largement la norme fixée par la nomenclature générale des actes professionnels (NGAP), qui préconise une séance individuelle d’environ 30 minutes. Le Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) lui réclame désormais un million d’euros, estimant un trop-perçu lié à une activité jugée anormalement élevée.

Une évaluation des pratiques au cœur des préoccupations de Santé Publique France

L’Assurance Maladie, par le biais de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, veille à ce que la qualité des soins reste prioritaire face à l’optimisation des volumes de séances. Selon les directives, une pratique dite normale s’établit entre 18 et 24 patients quotidiens pour un kinésithérapeute, garantissant une attention personnalisée et un suivi rigoureux. Recevoir plus d’une centaine de patients soulève des doutes sur la validité et la qualité des soins prodigués, en accord avec les recommandations de la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs.

CritèreNorme recommandée (NGAP)Pratique constatée
Durée moyenne de séance30 minutesMoins de 5 minutes par patient
Nombre moyen de patients par jour18-24115 (en moyenne)
Qualité du suiviInteraction personnalisée et continueSoutien principalement par machines semi-autonomes

La Mutualité Française et le Ministère des Solidarités et de la Santé soutiennent ces standards pour prévenir une dégradation des soins et garantir la santé publique. Cette situation illustre bien les tensions actuelles entre efficacité économique et qualité des services médicaux.

Polyvalence technologique ou réduction inquiétante de l’attention aux patients ?

Pour justifier ce rythme intense, Frédéric Juge expose l’utilisation d’appareils permettant un suivi en autonomie, comme des machines de renforcement musculaire ciblé qui affranchissent le kinésithérapeute d’une présence constante. Il assure que ces outils modernisent la prise en charge, offrant un traitement plus précis. Pourtant, l’Ordre des Masseurs-kinésithérapeutes souligne l’importance cruciale du contact humain : la main, le diagnostic visuel et l’écoute sont irremplaçables pour une approche globale.

Critiques et recommandations de l’Ordre des Masseurs-kinésithérapeutes

Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre, condamne cette méthode qui, selon elle, est « là où la pratique risque de dégrader la relation thérapeutique ». Elle rappelle que la kinésithérapie repose sur une évaluation personnalisée constante du patient. L’adaptation des soins ne peut se réduire à une simple utilisation d’appareils, qui ne remplacent ni la présence ni l’expertise du professionnel.

La Communauté professionnelle territoriale de santé 78 Porte de Normandie alerte aussi contre la perte de qualité si le nombre de patients continue d’augmenter, particulièrement dans des zones sous-dotées en praticiens qualifiés, comme c’est le cas en Île-de-France, désormais classée premier désert médical.

Conséquences pratiques et juridiques face à la procédure engagée par la CPAM

Face à cette situation exceptionnelle, la Sécurité Sociale a exigé que le kinésithérapeute adapte son activité pour consacrer au moins 30 minutes complètes par patient. Faute de mise en conformité, Frédéric Juge s’expose à une perte de conventionnement, avec pour corollaire la suppression de sa capacité à facturer auprès de l’Assurance Maladie.

MesureConséquence
Réduction du nombre de patientsDiminution du volume de travail et possible déplacement de patients
Mise en conformitéRespect des durées standards et qualité renforcée de la prise en charge
Manquement persistantPerte de conventionnement et procédures disciplinaires

Pour saisir la Commission de recours amiable, Frédéric Juge conteste le caractère frauduleux de ses pratiques et dénonce un jugement fondé sur des critères stricts sans tenir compte de « son efficacité prouvée ». La situation met en lumière les enjeux d’équilibre entre accessibilité aux soins et respect des normes.

Ce dossier, suivi attentivement par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, illustre l’enjeu que représente la surveillance sur la bonne utilisation des fonds publics au service de la Santé Publique et la défense des intérêts des assurés via la plateforme Ameli.